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dieux, les prémices de leurs mets, et lui faisaient les mêmes libations ; ils voulaient ne décerner qu'à lui seul les deux triomphes ; mais il refusa de triompher sans Catulus ; il crut devoir se montrer modeste dans une si grande prospérité : peut-être aussi craignait-il les soldats de Catulus, bien déterminés, si l'on privait leur général de cet honneur, de s'opposer au triomphe de Marius.

29. Son cinquième consulat étant près de finir, il aspira au sixième avec plus d'ardeur que personne n'en avait jamais mis à briguer le premier. Courtisan assidu de la multitude, attentif à lui complaire en tout, il relâcha non seulement du faste et de la dignité de sa charge, mais encore de la fierté de son naturel, et affecta, dans toute sa conduite, une douceur et une popularité qui n'étaient point dans son caractère. Timide par ambition dans ce qui tenait au gouvernement et dans les intrigues populaires, la constance et l'intrépidité qu'il montrait dans les combats l'abandonnaient dans les assemblées du peuple ; là, un mot de louange ou de blâme le mettait hors de lui-même. On dit pourtant qu'ayant donné le droit dé cité, à Rome, à deux mille habitants de Cameries, qui avaient servi avec distinction, privilège qui parut contraire aux lois, il répondit à ceux qui