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tués ; que les corps consumés dans les champs, par les pluies qui tombèrent pendant l'hiver, engraissèrent tellement la terre, et la pénétrèrent à une si grande profondeur, que l'été suivant elle rapporta une quantité prodigieuse de fruits ; ce qui vérifie ce mot d'Archiloque, que rien n'engraisse plus la terre que les corps qui y pourrissent. On dit aussi, avec beaucoup de vraisemblance, que les grandes batailles sont presque toujours suivies de pluies abondantes : soit qu'un dieu bienfaisant, pour laver et purifier la terre, l'inonde de ces eaux pures qu'il lui envoie du ciel, ou que l'air, qui s'altère facilement et éprouve de plus grands changements pour la plus légère cause, se condense par les vapeurs humides et pesantes qui s'exhalent du sein de cette corruption.

23. Après la bataille, Marius ayant choisi parmi les armes et les dépouilles des Barbares les plus belles, les mieux conservées, les plus propres à relever la pompe de son triomphe, fit entasser tout le reste sur un grand bûcher, et en fit aux dieux un sacrifice magnifique. Toute son armée environnait le bûcher, couronnée de laurier : lui-même, vêtu de pourpre et ceint à la romaine, prit un flambeau allumé, et, l'élevant de ses deux mains vers le ciel, il allait mettre le feu au bûcher, lorsqu'on vit venir à