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lieux forts d'assiette, qu'il fortifiait encore par de bons retranchements, afin de passer les nuits en sûreté. En continuant ainsi leur marche, les deux armées arrivèrent à un lieu qu'on appelle les Eaux de Sextius, d'où il leur restait peu de chemin à faire pour être au pied des Alpes. Ce fut là que Marius résolut de les combattre ; il prit un poste très avantageux, mais où l'eau n'était pas abondante ; il le choisit, dit-on, à dessein, pour animer le courage de ses troupes. Comme la plupart se plaignirent qu'ils allaient souffrir une cruelle soif, Marius leur montrant de la main une rivière qui baignait le camp des Barbares : « C'est là, leur dit-il, qu'il faut aller acheter de l'eau au prix de votre sang. - Pourquoi donc, lui répondirent-ils, ne nous y menez-vous pas tout à l'heure, pendant que le sang coule encore dans nos veines ? - Il faut auparavant, reprit Marius avec douceur, fortifier notre camp. » Les soldats, quoique mécontents, obéirent. Cependant les valets de l'armée, qui n'avaient d'eau ni pour eux ni pour leurs bêtes, descendent en foule vers la rivière avec leurs cruches, armés les uns de haches, les autres de cognées, quelques-uns d'épées ou de piques, parce qu'ils s'attendaient à être obligés de combattre pour avoir de l'eau. Ils furent en effet attaqués par les Barbares, qui