Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée

il trouva enfin, dans une mort misérable, la juste punition de ses forfaits. On porta, dit-on, dans ce triomphe, trois mille sept livres pesant d'or, cinq mille sept cent soixante-quinze d'argent, et dix-sept mille vingt-huit drachmes d'espèces monnayées.

14. Marius, après son triomphe, assembla le sénat ; et, soit distraction, soit abus insolent de sa fortune, il entra dans la salle avec sa robe de triomphateur[9] ; mais, s'étant aperçu sur-le-champ de l'indignation de tout le sénat, il sortit ; et ayant remis sa robe prétexte, il revint prendre sa place. Quand il partit pour son expédition, il exerça ses troupes jusque dans leur marche ; il les accoutuma à faire toutes sortes de courses, et des traites fort longues ; il les obligea de porter leur bagage, et de préparer eux-mêmes leur nourriture : aussi, longtemps après, les soldats qui aimaient le travail, et exécutaient paisiblement et en silence tout ce qu'on leur ordonnait, étaient-ils appelés les mulets de Marius. D'autres, il est vrai, donnent une origine différente à ce proverbe ; ils disent qu'au siège de Numance, Scipion ayant voulu visiter non seulement les armes et les chevaux de ses soldats, mais encore leurs chariots