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ennemis des Romains. Sylla, sans écouter leurs représentations, ordonne aux trompettes de donner le signal, quoique le jour baissât, et qu’on fût déjà à la dixième heure. Dans ce combat, un des plus rudes qu’on eût encore donnés durant cette guerre, l’aile droite, commandée par Crassus, remporta la victoire la plus complète. Sylla, voyant la gauche fort maltraitée et prête à plier, vole à son secours, monté sur un cheval blanc plein d’ardeur et d’une vitesse extrême. Deux des ennemis le reconnurent, et tendirent leurs javelines pour les lancer contre lui. II ne s’en apercevait pas ; mais son écuyer, qui les avait vus, donna au cheval un grand coup de fouet, qui hâta si à propos sa course, que les deux javelines rasèrent sa queue et allèrent se ficher en terre. On dit que Sylla avait une petite figure d’or d’Apollon, qui venait de Delphes, et qu’il portait dans son sein à toutes ses batailles ; qu’en cette occasion il la baisa affectueusement, en lui adressant ces paroles : « Apollon Pythien, après avoir comblé d’honneur et de gloire l’heureux Cornelius Sylla dans tant de combats, dont vous l’avez fait sortir victorieux, voudriez-vous le renverser aux portes mêmes de sa patrie, et l’y