Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/26

Cette page n’a pas encore été corrigée

issus de maisons anciennes, mais sans capacité pour la guerre, n'avaient dû leurs défaites qu'à leur inexpérience : « Croyez-vous, demandait-il à ceux qui étaient présents, que les ancêtres de ces deux généraux n'auraient pas préféré de laisser des descendants qui me ressemblent ? ne se sont-ils pas eux-mêmes rendus illustres bien moins par leur noblesse et par leur rang, que par leurs vertus et par leurs exploits ?» Tous ces discours ne lui étaient pas inspirés seulement par sa présomption et sa vanité, par l'envie de s'attirer gratuitement la haine des patriciens ; il était encore excité par le peuple, qui, charmé du mépris que ces propos attiraient au sénat, et mesurant toujours l'élévation de l'âme à la fierté des paroles, portait Marius jusqu'aux nues, et le poussait à ne pas épargner les nobles, pour faire plaisir à la multitude.

10. Quand il fut repassé en Afrique, Métellus, dominé par l'envie, et outré de dépit de ce qu'après avoir presque terminé la guerre, lorsqu'il n'avait plus qu'à se rendre maître de la personne de Jugurtha, Marius, qui ne devait son élévation qu'à son ingratitude, venait lui enlever la couronne et le triomphe, ne put se résoudre à le voir, et se retira de l'armée, dont Rutilius, un de ses lieutenants, remit le commandement