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n’étaient pas correctes, parce que la succession de Nélée le Scepsien, à qui Théophraste avait laissé par testament tous ses ouvrages, passa à des ignorants qui n’en firent aucun cas. Sylla, pendant son séjour à Athènes, fut pris d’une douleur aux pieds, accompagnée d’engourdissement et de pesanteur, que Strabon appelle le bégaiement de la goutte. Il se fit porter par mer à Édepse, pour prendre les bains chauds. Là il passait les journées entières dans la société des acteurs et des musiciens. Un jour qu’il se promenait sur le bord de la mer, des pêcheurs lui offrirent de très beaux poissons. Charmé de ce présent, il leur demanda d’où ils étaient. « De la ville d’Alées, lui répondirent-ils.- Eh quoi ! reprit Sylla, reste-t-il encore quelqu’un d’Alées ? » C’est qu’après la victoire d’Orchomène, en poursuivant les ennemis, il avait ruiné trois villes de la Béotie : Anthédon, Larymne et Alées. Les pêcheurs, effrayés, restèrent muets ; mais Sylla leur dit, en souriant, de ne rien craindre, et de s’en aller joyeusement. « Vous êtes venus, ajouta-t-il, avec des intercesseurs puissants, qui ne méritent pas d’être refusés. » Ces paroles rendirent la confiance aux Aléens, et ils retournèrent habiter leur ville.

XXVII. Sylla, ayant traversé