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Le peuple le reçut avec de vives démonstrations de joie. Conduit aux comices par un des tribuns, après avoir présenté plusieurs chefs d'accusation contre Métellus, il demanda le consulat, en promettant de tuer de sa main Jugurtha, ou de l'amener prisonnier à Rome. Il fut nommé consul sans opposition[5], et aussitôt, au mépris des lois et des coutumes des Romains, dans les nouvelles levées qu'il fit, il enrôla des esclaves et des gens sans aveu. Tous les généraux, avant lui, n'en recevaient pas dans les troupes ; ils ne confiaient les armes, comme les autres honneurs de la république, qu'à des hommes qui en fussent dignes, et dont la fortune connue répondit de leur fidélité. Ce ne fut pas néanmoins cette nouveauté qui décria le plus Marius ; il offensa bien davantage les premiers de Rome par des discours pleins de fierté, de mépris et d'insolence. Il criait partout que son consulat était une dépouille qu'il enlevait à la mollesse des patriciens et des riches ; que pour lui, il se glorifiait auprès du peuple, non de vains monuments et d'images étrangères, mais de ses propres blessures. Souvent même, en parlant des généraux qui avaient été défaits en Afrique, tels que Bestia et Albinus, qui tous deux,