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tant de nations diverses, qui prenaient chacune son poste. D’ailleurs la magnificence et le luxe de leur équipage servaient encore à augmenter la frayeur des Romains. L’éclat étincelant de leurs armes enrichies d’or et d’argent, les couleurs brillantes de leurs cottes d’armes médoises et scythiques, mêlées au luisant de l’airain et de l’acier, faisaient, à tous leurs mouvements et à tous leurs pas, étinceler un feu semblable à celui des éclairs, et présentaient un spectacle effrayant. Les Romains, saisis de terreur, n’osaient quitter leurs retranchements. Sylla, dont les discours ne pouvaient dissiper leur effroi, et qui ne voulait pas les forcer de combattre dans cet état de découragement, était obligé de rester dans l’inaction, et de souffrir, non sans une vive impatience, les bravades et les risées insultantes des Barbares. Ce fut cependant ce qui lui servit le plus ; les ennemis, pleins de mépris pour les Romains, n’observèrent plus aucun ordre ni aucune discipline. La multitude de leurs chefs devint pour eux une cause d’insubordination. II ne restait qu’un petit nombre de soldats dans les retranchements ; les autres, amorcés par l’appât du pillage et du butin, s’écartaient du camp jusqu’à la distance de plusieurs journées. On dit que dans ces courses ils détruisirent Panope, et que, sans en avoir reçu