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entière et l'Italie même du bruit de son nom et de sa gloire. Tous ceux qui, de l'armée, écrivaient à Rome, ne cessaient de répéter qu'on ne verrait la fin de cette guerre contre ce roi barbare, que lorsque Marius, nommé consul, en aurait seul la conduite.

8. Une préférence si marquée déplaisait fort à Métellus ; mais rien ne lui causa plus de chagrin que l'aventure de Turpilius. C'était un ami de Métellus, et les deux familles étaient depuis longtemps liées par les nouds de l'hospitalité. Turpilius avait alors à l'armée la charge d'intendant des ouvriers. Préposé par Métellus à la garde d'une ville considérable, nommée Vacca, il crut qu'en ne faisant aucune injustice aux habitants, en les traitant même avec beaucoup de douceur et d'humanité, il s'assurerait de leur fidélité ; mais leur perfidie le livra, sans qu'il s'en doutât, entre les mains des ennemis. Ils reçurent Jugurtha dans leur ville ; mais ils ne firent point de mal à Turpilius, et obtinrent pour lui, de ce prince, la vie et la liberté. Cité en justice comme coupable de trahison, il eut pour un de ses juges Marius, qui, très indisposé contre lui, aigrit tellement la plupart des autres, que Métellus se vit forcé malgré lui, par la pluralité des suffrages, de le condamner à mort. Peu de temps après, l'accusation