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toutes les rues de la ville, y fit le plus horrible carnage. On n’a jamais su le nombre de ceux qui furent massacrés ; on n’en juge encore aujourd’hui que par les endroits qui furent couverts de sang : sans compter ceux qui furent tués dans les autres quartiers, le sang versé sur la place remplit tout le Céramique jusqu’au Dipyle ; plusieurs historiens même assurent qu’il regorgea par les portes et ruissela dans les faubourgs. Outre cette multitude d’Athéniens qui périrent par le fer des ennemis, il y en eut aussi un grand nombre qui se donnèrent eux-mêmes la mort, par la douleur et le regret que leur causait la certitude de voir détruire leur patrie. C’est ce qui jeta dans le désespoir les plus honnêtes gens, et qui leur fit préférer la mort à la crainte de tomber entre les mains de Sylla, de qui ils n’attendaient aucun sentiment de modération et d’humanité. Mais enfin, cédant aux prières de Midias et de Calliphon, deux bannis d’Athènes, qui se jetèrent à ses pieds, et aux vives instances de plusieurs sénateurs romains qui servaient dans son armée, et qui lui demandèrent grâce pour la ville, sans doute aussi rassasié de vengeance, il fit l’éloge des anciens Athéniens, dit qu’il pardonnait au plus grand nombre en faveur du plus petit, et qu’il accordait aux