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que les suffrages se trouvèrent partagés. Il se conduisit avec assez de modération dans sa préture.

6. En sortant de charge, il alla commander dans l'Espagne ultérieure, qu'il délivra des brigandages dont elle était le théâtre. Cette province avait encore des mours sauvages et barbares, et les Espagnols dans ce temps-là ne connaissaient rien de plus beau que de vivre de vols et de rapines. Revenu à Rome, il prit part aux affaires publiques ; mais il n'y apporta ni richesses, ni éloquence, deux des plus puissants moyens qu'eussent alors, pour gouverner, ceux qui avaient le plus de considération parmi le peuple. Ses concitoyens néanmoins lui ayant tenu compte de la force de son caractère, de sa constance infatigable dans les travaux, de sa manière de vivre toute populaire, il parvint bientôt aux premiers honneurs, et acquit une telle puissance, que, par l'alliance la plus honorable, il entra dans l'illustre maison des Césars ; il épousa Julie, tante de ce Jules César, qui fut dans la suite le plus grand des Romains, et qui, à raison de cette parenté, se fit gloire de rétablir les honneurs de Marius, comme nous l'avons raconté dans sa vie. À la tempérance dont Marius faisait profession, il joignait, dit-on, une patience invincible dans la