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Sylla tenait le bas pour trois mille ; qu’ainsi la différence de leur fortune n’était que de mille sesterces, qui font deux cent cinquante drachmes attiques. Voilà ce qu’on rapporte du premier état de Sylla.

II. On peut juger de l’air de sa figure par les statues qui nous restent de lui : ses yeux étaient pers, ardents et rudes ; et la couleur de son visage rendait encore son regard plus terrible. Elle était d’un rouge foncé, parsemé de taches blanches ; on croit même que c’est de là qu’il a tiré son nom. Un plaisant d’Athènes fit, sur son teint, ce vers satirique :

Sylla n’est qu’une mûre empreinte de farine.

Il est permis d’emprunter de pareils traits pour peindre un homme tel que Sylla. Il était, dit-on, d’un caractère si railleur, qu’étant encore jeune et peu connu, il passait sa vie avec des pantomimes et des bouffons, dont il partageait la licence et les débauches. Dans la suite, quand il eut usurpé l’autorité souveraine, il faisait venir du théâtre chez lui les farceurs les plus impudents, et passait les journées entières à boire, à faire avec eux assaut de raillerie, déshonorant ainsi son âge et sa dignité, et sacrifiant à des goûts si bas les objets les plus dignes de tous ses soins. Dès qu’il s’était mis à