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des deux partis, qui le jugèrent incapable de favoriser l'un ou l'autre contre l'intérêt de la république.

5. Après son tribunat, il se mit sur les rangs pour la grande édilité ; car il y a deux ordres d'édiles : le premier est celui des édiles curules, ainsi nommés des sièges à pieds courbés sur lesquels ils s'asseyent pour donner audience ; le second, bien inférieur en dignité, est celui des édiles plébéiens. Après qu'on a élu les grands édiles, on procède tout de suite à l'élection des autres. Marius, voyant bien qu'il allait être refusé pour la première édilité, se présenta sur-le-champ pour la seconde. On vit dans cette conduite une obstination et une audace qui le firent encore rejeter. Deux refus essuyés en un jour, ce qui était sans exemple, ne lui firent rien rabattre de sa fierté. Peu de temps après il brigua la préture, et se vit sur le point d'être refusé. Élu enfin le dernier, il fut accusé d'avoir acheté les suffrages. Ce qui l'en fit surtout soupçonner, c'est qu'on avait vu dans les barrières un esclave de Cassius Sabacon au milieu de ceux qui donnaient leurs voix. Sabacon était l'intime ami de Marius ; appelé devant les juges et interrogé sur ce fait, il répondit que la chaleur lui ayant causé une soif extrême, il avait demandé de l'eau fraîche ; que son esclave