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consul Cotta, ayant combattu cette loi, persuada le sénat de s'y opposer, et de citer Marius pour rendre raison de sa conduite. Le décret fut rendu, et Marius entra dans le sénat, non avec l'embarras d'un jeune homme qui, sans être connu par aucune action d'éclat, ne faisait que d'entrer dans le gouvernement ; mais, prenant d'avance l'air assuré que lui donnèrent depuis ses grands exploits, il menaça le consul de le faire traîner en prison, s'il ne faisait révoquer le décret. Cotta se tournant vers Métellus pour prendre sa voix, ce sénateur se leva et soutint l'avis du consul. Marius fit venir du dehors un licteur, et lui ordonna de conduire Métellus en prison. Celui-ci en appela aux autres tribuns ; mais aucun d'eux n'ayant pris sa défense, le sénat crut devoir céder, et retira son décret. Marius, fier de sa victoire, sort du sénat, et se rend à l'assemblée du peuple, où il fait passer la loi. Ce début fit juger qu'on ne le verrait jamais ni plier par crainte, ni céder par honte, et que, pour servir les intérêts du peuple, il opposerait au sénat la plus forte résistance, mais bientôt il effaça cette opinion par une conduite toute contraire. Quelqu'un ayant proposé de faire aux citoyens une distribution gratuite de blé, Marius s'y opposa fortement ; et, ayant fait rejeter la loi, il obtint également l'estime