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les Pélopides ; et du second, une sorte d'épithète prise du caractère, des actions, des formes et des affections du corps ; tels que Macrinus, Torquatus, Sylla. II en était de même, chez les Grecs, de Mnémon, de Grypus et de Callinicus. Mais sur ces points la diversité des usages donnerait lieu à de grandes discussions.

2. Quant à la figure de Marius, nous avons vu à Ravenne, dans les Gaules, sa statue en marbre, qui justifie ce qu'on rapporte de l'austérité et de la rudesse de ses mours. Doué d'une complexion robuste, courageux, et né pour les armes, ayant reçu une éducation plus militaire que civile, il porta dans l'exercice des emplois et des charges une violence de caractère qu'il ne sut pas modérer. Il n'apprit jamais, dit-on, les lettres grecques, et ne voulut pas même se servir de cette langue dans aucune affaire importante ; il trouvait ridicule d'apprendre la langue d'un peuple esclave. Après son second triomphe, il donna des jeux grecs pour la dédicace d'un temple ; et, étant venu au théâtre pendant qu'on les célébrait, il s'assit un moment et sortit aussitôt. Platon disait souvent au philosophe Xénocrate, dont les mours paraissaient trop sauvages : « Mon cher Xénocrate, sacrifiez aux Grâces. » Si de même on avait pu persuader Marius de sacrifier aux Grâces