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dont la ville allait encore être le théâtre, et le parti de Marius la victime. Lui-même, épuisé par ses travaux passés, l'esprit dévoré de chagrins, tourmenté par la pensée de cette nouvelle guerre et des combats qu'il aurait à livrer, des terreurs auxquelles il serait bientôt en proie, et dont son expérience lui faisait pressentir tous les dangers et les peines cuisantes, il ne put soutenir la vue des inquiétudes cruelles qui l'assiégeaient de toutes parts. Il considérait que ce n'était point un Mérula, un Octavius qu'il aurait à combattre, ces généraux qui n'avaient sous leurs ordres que des séditieux ramassés au hasard ; que c'était un Sylla qui marchait contre lui, Sylla qui autrefois l'avait chassé de sa patrie, et qui venait de repousser Mithridate jusqu'au fond du Pont-Euxin. Accablé par ces réflexions, et se remettant devant les yeux son long exil, ses fuites, ses dangers sur terre et sur mer, il tomba dans les plus cruelles angoisses ; des frayeurs nocturnes, des songes affreux troublaient son repos ; et à tout moment il croyait entendre une voix menaçante lui crier :

Le gîte du lion, même absent, est terrible.

Mais comme il ne craignait rien tant que l'insomnie, il se plongea dans des excès de bonne