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et de nouvelles calomnies, il le chassa de Rome, et fit condamner son frère pour le crime honteux de péculat.

IX. La tempérance, que Caton a relevée par les plus grands éloges, fut toujours pure et entière dans Aristide ; mais ce second mariage de Caton, si indigne de lui, si peu convenable à son âge, l’a fait soupçonner de n’avoir pas su pratiquer cette vertu. Se marier dans une extrême vieillesse, lorsqu’il avait chez lui un fils et une belle-fille ; épouser la fille d’un greffier, d’un homme aux gages du public, c’est manquer ouvertement à l’honnêteté. Qu’il l’ait fait par volupté ou par colère, et pour se venger de l’indignation que son fils avait témoignée contre l’esclave avec laquelle il vivait, l’action et le prétexte sont également honteux. La réponse ironique qu’il fit à son fils était destituée de toute vérité. S’il voulait avoir d’autres enfants aussi vertueux que celui-là, il devait épouser une fille de bonne maison, se marier beaucoup plus tôt, ne pas préférer un commerce illicite, tant qu’il put le tenir caché ; et, quand il fut découvert, ne pas choisir pour beau-père un homme qui ne pouvait pas le refuser pour gendre, mais dont l’alliance n’était pas honorable à Caton.

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