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séder est celle qui le rend capable de bien gouverner, et c’est une opinion presque générale, que l’économie n’en est pas une des moindres parties. En effet, une cité, qui n’est qu’un assemblage de maisons et un tout formé de plusieurs parties, n’a de force, dans son ensemble, que par les facultés particulières de ses citoyens. Lycurgue lui-même, en bannissant de Sparte l’or et l’argent, pour les remplacer par une monnaie de fer altérée au feu, ne voulut point par-là interdire l’économie à ses concitoyens, mais seulement leur ôter le luxe et l’amour vicieux des richesses, afin qu’ils eussent tous en abondance les choses nécessaires et utiles. En cela il fit paraître, plus qu’aucun autre législateur, cette sage prévoyance qui lui avait fait encore plus craindre pour sa république un homme pauvre et sans ressource, qu’un citoyen opulent et superbe.

IV. Caton ne fut donc pas, ce me semble, un moins bon administrateur de sa maison que de la république ; car il augmenta son bien et enseigna aux autres l’économie et l’agriculture, en donnant, dans ses ouvrages, des préceptes très utiles sur ces deux objets. Mais Aristide, par sa pauvreté, a diffamé la justice même ; il a laissé croire qu’elle est la ruine des familles, la source de l’indigence, et qu’elle sert