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pour aller contre Antiochus, et vint par les derrières attaquer ce prince, qui ne songeait qu’aux ennemis qu’il avait devant lui. Cette victoire, qui fut évidemment l’ouvrage de Caton, chassa l’Asie de la Grèce, et en ouvrit ensuite l’entrée à Scipion.

III. Ils furent donc tous deux invincibles à la guerre ; mais dans le gouvernement Aristide succomba aux intrigues de Thémistocle qui le fit bannir par l’ostracisme. Caton, qui lutta contre les hommes les plus considérables et les plus puissants de Rome ; qui, tel qu’un généreux athlète, eut, jusque dans une extrême vieillesse, des combats à soutenir, se maintint toujours inébranlable. Souvent accusé, souvent accusateur devant le peuple, il fit condamner plusieurs de ses adversaires, et ne le fut jamais lui-même, quoiqu’il n’eût d’autre rempart de sa vie, ni d’autres armes, que son éloquence ; car c’est à son talent pour la parole, plutôt qu’à sa fortune ou à son bon génie, qu’on doit attribuer la gloire d’avoir conservé sa dignité sans atteinte. C’est un témoignage qu’Antipater rendit à Aristote, de qui il écrivait, après la mort de ce philosophe, qu’entre plusieurs autres qualités, il avait le talent de persuader tout ce qu’il voulait. De l’aveu de tout le monde, la vertu la plus parfaite que l’homme puisse pos-

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