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Quand il voyait des gens vouloir imiter quelques unes de ses actions et le faire maladroitement, il disait que c’étaient des Caton bien gauches. Il se vantait que, dans les conjonctures critiques, le sénat tenait les yeux attachés sur lui, comme dans la tempête les passagers les tiennent fixés sur le pilote ; et que souvent en son absence on remettait jusqu’à son retour les affaires les plus importantes. Au reste, c’est un témoignage que tout le monde lui rendait ; car la sagesse de sa conduite, son éloquence et sa vieillesse lui avaient acquis dans Rome une grande autorité.

XXIX. Il fut bon père, bon mari, et économe très entendu. Comme il ne croyait pas que la sage administration de son bien fût une chose petite ou basse qu’on dût faire par manière d’acquit, il ne sera pas, je crois, hors de propos d’en dire ici ce qui convient à mon sujet. Il avait épousé une Romaine plus noble que riche, persuadé que la noblesse et l’opulence inspireraient également à une femme l’orgueil et la fierté ; au lieu qu’une femme d’une naissance illustre aurait plus de honte de ce qui serait malhonnête, et serait plus soumise à son mari dans les choses honnêtes. Un homme qui battait sa femme ou ses enfants portait, selon lui, des mains impies sur ce qu’il y avait de plus sacré. Il pensait qu’il y avait plus de