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CATON.

mort, et qu’on fasse venir un licteur avec sa hache. Quand ils sont arrivés, il demande au jeune homme s’il veut voir donner le coup. Le jeune homme en ayant témoigné le plus vif désir, Lucius ordonne au licteur de trancher la tête au prisonnier. Tel est le récit de la plupart des historiens ; et Cicéron, dans son traité de la Vieillesse, le fait raconter ainsi par Caton lui-même. Tite-Live dit que cet homme était un déserteur Gaulois, et que ce ne fut pas le licteur, mais Lucius, qui lui trancha la tête : il assure que Caton lui-même l’avait écrit de cette manière. Lucius donc ayant été chassé du sénat, son frère Titus Flamininus, vivement affecté de cet affront, eut recours au peuple, et demanda que Caton déclarât publiquement le motif de cette flétrissure. Caton raconta, dans le discours qu’il fit à cette occasion, ce qui s’était passé dans le festin ; et Lucius ayant nié le fait, Caton lui déféra le serment, que Lucius refusa de faire ; et par-là il fut convaincu d’avoir mérité la punition qui lui avait été infligée. Mais un jour qu’on donnait des jeux au théâtre, Lucius, passant près du banc des consulaires, alla s’asseoir beaucoup plus loin. Le peuple, touché de son humiliation, se mit à crier qu’il reprît sa place, et le força d’aller s’asseoir parmi les anciens consuls : ce fut un adoucissement et