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CATON.

égaler leurs récompenses à ses services. Aussitôt après le combat, Manius l’envoya porter à Rome la nouvelle de ses propres succès : il eut une heureuse traversée jusqu’à Brunduse ; de là il se rendit en un jour à Tarente, d’où, après quatre jours de marche, il arriva à Rome le cinquième jour depuis son débarquement, et y porta le premier la nouvelle de cette victoire. Elle remplit la ville de joie et de sacrifices ; le peuple en conçut la plus haute opinion de lui-même ; il se crut capable de conquérir l’empire de la terre et de la mer. Telles sont à peu près les actions de guerre de Caton les plus dignes de mémoire.

XXII. Il paraît qu’entre les actions civiles de l’administration, il regarda toujours les accusations et la poursuite des méchants comme les plus dignes d’exercer son zèle. Il en accusa lui-même plusieurs, seconda d’autres accusateurs dans leurs poursuites, en suscita même quelques uns, entre autres un certain Pétilius, par qui il fit accuser Scipion. Mais, voyant que celui-ci, par la confiance qu’il avait dans la noblesse de sa maison et dans sa propre grandeur, foulait aux pieds ses accusations et qu’il ne viendrait jamais à bout de le faire condamner à mort, il se désista de cette poursuite ; et, se joignant aux accusateurs de son frère Lu-