Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/322

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
CATON.

En même temps Manius, au bas des montagnes, donne l’assaut, avec toutes ses troupes, aux retranchements d’Antiochus et les emporte. Ce prince, blessé à la bouche d’un coup de pierre qui lui brise les dents, est forcé, par la douleur, de tourner bride et de se retirer. Dès lors aucune partie de son armée n’ose tenir tête aux Romains ; et, quelque difficile que soit la fuite dans des lieux escarpés et presque impraticables, environnés de marais profonds et de rochers à pic, le long desquels ils glissaient et ne pouvaient se soutenir, ils se jettent dans ces détroits, se poussent les uns les autres ; et la peur qu’ils ont du fer des ennemis les fait courir à une mort inévitable. Caton, qui jamais, à ce qu’il me paraît, ne se ménageait les louanges et qui regardait les éloges qu’on faisait de soi-même comme la suite naturelle des grandes actions, relève avec beaucoup de faste ces derniers exploits. Il dit que ceux qui l’avaient vu poursuivre et frapper les ennemis avaient avoué que Caton devait encore moins au peuple romain que le peuple romain ne devait à Caton ; que le consul Manius, encore tout bouillant de sa victoire, l’ayant embrassé, échauffé qu’il était lui-même du combat, le tint longtemps serré entre ses bras, et s’écria de joie que ni lui ni le peuple romain ne pourraient jamais