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XV. Nommé consul avec Valérius Flaccus son ami, le gouvernement de l’Espagne que les Romains appellent Citérieure lui échut par le sort (03). Là, il commençait à soumettre une partie de ces nations par les armes, et il attirait les autres par la persuasion, lorsqu’il fut tout à coup assailli par une nombreuse armée de Barbares, et qu’il se vit en danger d’essuyer une défaite honteuse. Il envoya demander du secours aux Celtibériens qui étaient dans son voyage, et qui exigèrent deux cents talents[1] pour aller à son secours. Tous ses capitaines regardaient comme indigne des Romains d’acheter, à prix d’argent, l’alliance des Barbares. « Ce marché, leur dit Caton, n’est pas si déshonorant que vous le pensez ; si nous remportons la victoire, nous paierons avec l’argent des ennemis ; si nous sommes vaincus, ni ceux qui exigent cette somme, ni ceux qui nous la demandent, n’existeront plus. » Il remporta une victoire complète et eut depuis les plus grands succès. Polybe rapporte qu’il fit raser, en un seul jour, les murailles de toutes les villes qui sont en deçà du fleuve Bétis : elles étaient en grand nombre, et peuplées d’hommes belliqueux. Caton dit lui-même qu’il avait pris

  1. Environ un million de notre monnaie.