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CATON.

moins de trois demi-médimnes d’orge par jour pour ses chevaux. Nommé gouverneur de la Sardaigne, il ne suivit pas l’exemple des préteurs qui l’avaient précédé, et qui tous avaient foulé la province, en se faisant fournir des pavillons, des lits et des vêtements, en traînant à leur suite une foule d’amis et de domestiques, en exigeant des sommes considérables pour des festins et d’autres dépenses de cette nature. Lui, au contraire, il se distingua par une simplicité qu’on a de la peine à croire. Il ne prenait rien sur le public pour sa dépense ; quand il visitait les villes de son gouvernement, il marchait à pied, sans aucune voiture de suite, n’ayant avec lui qu’un officier public qui lui portait une robe et un vase pour les libations dans les sacrifices. Simple et facile, dans cette sorte de service, pour tous ceux qui dépendaient de lui, il se montrait dans tout le reste grave et sévère, inexorable dans l’administration de la justice, d’une exactitude et d’une rigueur inflexibles pour l’exécution des ordres qu’il donnait. Aussi, jamais la puissance romaine n’avait paru à ces peuples ni si terrible ni si aimable.

X. On retrouve dans son style le même caractère ; il était à la fois agréable et fort, doux et véhément, plaisant et austère, sentencieux et familier, tel qu’on l’emploie dans les