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CATON.

d’aller s’établir à Rome, et de s’y occuper des affaires publiques. Ses plaidoyers lui firent bientôt des admirateurs et des amis, et le crédit de Valérius lui attira de la considération et l’avança aux honneurs : il fut d’abord tribun des soldats, ensuite questeur. Sa conduite dans ces premières charges lui ayant acquis beaucoup de réputation et d’autorité, il exerça avec Valérius Flaccus les premiers emplois de la république, et fut son collègue dans le consulat[1] et dans la censure.

V. Entre les anciens sénateurs, il s’attacha particulièrement à Fabius Maximus, le plus puissant et le plus illustre des Romains de son temps ; il se proposa surtout d’imiter ses mœurs et sa manière de vivre, comme les plus beaux modèles qu’il pût suivre. Il ne craignit pas même de se brouiller avec le grand Scipion, jeune encore, et qui s’opposait ouvertement à la puissance de Fabius, qu’il croyait jaloux de sa gloire. Caton, envoyé questeur sous lui à la guerre d’Afrique[2], voyant que ce général vivait avec sa magnificence ordinaire, qu’il prodiguait l’argent à ses troupes sans ménagement, l’en reprit avec liberté et lui dit que le plus grand mal n’était pas dans cette dé-

  1. L'an de Rome 545. Caton avait alors 23 ans.
  2. L'an de Rome 548.