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peser sur cette ville des jours de terreur et de danger, rendus encore plus affreux par l’infamie ! soit que ces fléaux aient été l’ouvrage de la fortune, ou le châtiment d’un dieu qui veille à ce que l’ingratitude n’outrage pas impunément la vertu.

[14] XVI. Le premier signe des grandes calamités dont Rome était menacée fut la mort du censeur Julius. Les Romains ont la plus grande vénération pour la dignité de la censure, et la regardent comme sacrée. Un second signe avait précédé l’exil de Camille : un citoyen nommé Marcus Céditius, qui n’était ni noble, ni sénateur ; mais d’ailleurs homme de bien et estimé pour sa vertu, vint faire part aux tribuns militaires d’un fait qu’il avait jugé digne de leur attention. Il leur raconta que la nuit précédente, allant seul dans la rue Neuve, il s’était entendu appeler à haute voix, et que s’étant retourné, il n’avait vu personne ; mais qu’une voix plus forte que celle d’un homme lui avait dit : « Marcus Céditius, demain, dès le point du jour, va dire aux tribuns militaires qu’ils attendent dans peu les Gaulois ». Les tribuns ne firent que rire et plaisanter de cet avis ; et peu de temps après arriva l’exil de Camille.

[15] Les Gaulois, nation celtique, chargée d’une population trop nombreuse, avaient quitté leur pays, qui ne pouvait suffire à leur subsistance, et