d’or pour les employer à cette offrande, qui fut de huit talents. Le sénat, pour récompenser par des honneurs convenables leur générosité, ordonna qu’après leur mort on ferait leur oraison funèbre, comme on faisait celle des hommes d’un mérite distingué ; car auparavant il n’était pas d’usage de louer publiquement les femmes à leurs funérailles. On choisit, pour porter cette offrande, trois ambassadeurs d’entre les principaux citoyens, qu’on fit partir sur un vaisseau long, garni de bons rameurs, et orné comme pour une cérémonie solennelle. Ils coururent de grands dangers dans leur voyage. Après avoir été près de périr par la tempête, ils tombèrent par le calme dans un autre péril, auquel ils échappèrent contre toute espérance. Le vent leur ayant manqué près des îles Éoliennes, des vaisseaux lipariens, les prenant pour des corsaires, coururent sur eux : mais voyant qu’ils se contentaient de leur tendre les mains et de leur adresser des prières, ils n’usèrent pas de violence ; et, remorquant leur vaisseau, ils les conduisirent dans leur port, où, après les avoir déclarés pirates, ils les mirent en vente, eux et tout ce qu’il y avait dans le vaisseau. Ce ne fut qu’avec beaucoup de peine que, persuadé par la vertu et par l’autorité de Timasithée leur premier magistrat, ils les relâchèrent. Timasithée ne s’
Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/90
Cette page n’a pas encore été corrigée