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que les victimes annonçaient visiblement la colère des dieux, et qu’il fallait les apaiser par des sacrifices d’actions de grâces.

[8] Le sénat, qui regardait comme impossible de revenir sur le partage du butin, le laissa à ceux qui y avaient eu part ; il ordonna seulement que chacun d’eux en rapporterait le dixième, et attesterait avec serment la fidélité de cette restitution. Il fallut pour cela en venir à des moyens fâcheux, et user même de violence contre des soldats pauvres qui avaient beaucoup souffert dans cette guerre, et à qui l’on re demandait une si forte partie d’un bien que la plupart avaient déjà dépensé. Camille, troublé par leurs reproches, et n’ayant pas de bonne excuse à leur donner, eut recours à la plus mauvaise de toutes, et avoua publiquement qu’il avait oublié son vœu. Le peuple n’en fut que plus irrité ; il disait que le dictateur, en partant pour l’armée, avait fait vœu de donner la dîme des dépouilles des ennemis, et que maintenant il prenait celles des citoyens. X. Cependant ils apportèrent chacun la portion qu’on avait exigée ; et le sénat arrêta qu’on en ferait un cratère d’or qui serait envoyé à Delphes. Mais l’or était fort rare à Rome ; et comme les magistrats cherchaient à s’en procurer, les dames romaines, s’étant assemblées, convinrent entre elles de donner tous leurs bijoux