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alors les Romains et tous les peuples d’Italie, frappés de ce prodige, le regardèrent comme le signe de quelque événement extraordinaire. On ne parlait d’autre chose dans le camp de devant Véies, et les assiégés eux-mêmes en furent informés.

[4] Comme, dans les longs siéges, il s’établit toujours des communications et des entretiens entre le camp et la ville, un Romain se lia d’amitié avec un Véien, homme fort versé dans la science des antiquités, et qui passait pour être singulièrement instruit dans l’art de la divination. Le Romain lui parla du débordement du lac d’Albe ; et voyant qu’il en témoignait la plus grande joie, et qu’il ne paraissait plus inquiet de l’issue du siége, il lui dit que ce n’était pas le seul prodige que les Romains eussent vu depuis quelque temps ; qu’il y en avait eu de bien plus extraordinaires qu’il voulait lui raconter, pour savoir si, dans le commun malheur, il n’y aurait pas quelque moyen de pourvoir à sa sûreté personnelle. Le Véien l’écoutait avec plaisir ; attiré de plus en plus par les propos de son ami, et par l’espérance d’apprendre des secrets importants, il se livrait tout entier à la conversation. Mais à peine sont-ils à une si grande dis tance de la ville, que le Romain, profitant de la supériorité de ses forces, le saisit, l’enlève, et, secondé par quelques soldats