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XLVI. Alcibiade, à qui les exploits de Lysandre faisaient redouter les Lacédémoniens, qu’il voyait maîtres de la terre et de la mer, se retira en Bithynie, emportant avec lui de grandes richesses, et en laissant encore de plus considérables dans ses forteresses. Dépouillé par les Thraces de Bithynie d’une grande partie de sa fortune, il résolut d’aller à la cour d’Artaxerxe, persuadé que ce prince, dès qu’il l’aurait connu, ne le jugerait pas moins utile à son service que Thémistocle. Sa démarche avait d’ailleurs un motif plus honnête ; il n’allait pas, comme celui-ci, offrir son bras au roi contre ses concitoyens, mais lui demander de secourir sa patrie contre ses ennemis. Il pensa que Pharnabaze lui donnerait les moyens d’aller trouver Artaxerxe en toute sûreté ; et s’étant rendu auprès de lui en Phrygie, il lui fit assidûment sa cour et en fut bien traité. Les Athéniens supportaient avec peine la perte de leur domination ; mais, quand Lysandre leur eut encore ôté la liberté, en mettant la ville sous le joug de trente tyrans, les réflexions qu’ils n’avaient pas faites pendant qu’ils étaient encore en état de se sauver leur vinrent à l’esprit lorsqu’ils n’avaient plus de ressource. Ils déploraient leurs malheurs ; ils se rappelaient toutes les fautes qu’ils avaient commises, et dont la plus funeste