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se retirer ; que ce n’était pas lui qui commandait la flotte.

XLV. Alcibiade, qui soupçonna quelque trahison de la part des généraux, se retira ; et, quelques uns de ses amis l’ayant reconduit hors du camp, il leur dit que si les généraux ne l’avaient pas reçu avec tant d’insolence, il aurait en peu de jours forcé les Lacédémoniens ou de combattre malgré eux, ou d’abandonner leur flotte. Les uns regardèrent ce propos comme un effet de sa présomption ; d’autres y trouvèrent de la vraisemblance : il n’aurait eu, pour cela, qu’à embarquer un grand nombre de Thraces, tous bons hommes de cheval et de trait, faire une descente, et aller par terre charger les Lacédémoniens, que cette attaque aurait mis en désordre dans leur camp. Au reste, sa prévoyance sur les fautes que faisaient les généraux athéniens fut bientôt justifiée par l’événement. Lysandre ayant fondu sur eux lorsqu’ils s’y attendaient le moins, il ne se sauva de toute la flotte que huit vaisseaux, que Conon emmena ; tous les autres, au nombre d’environ deux cents, furent pris et conduits à Lampsaque avec trois mille prisonniers, que Lysandre fit égorger. Peu de temps après, il se rendit maître d’Athènes, brûla tous les vaisseaux, et détruisit les longues murailles du Pirée.