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de ses plus grands ennemis, nommé Thrasybule, fils de Thrason, qui partit sur-le-champ pour aller l’accuser à Athènes ; et, afin d’irriter ceux des Athéniens qui étaient déjà mal disposés pour lui, il dit au peuple que c’était par un abus odieux de sa puissance qu’Alcibiade avait ruiné les affaires et perdu les vaisseaux ; que, livrant le commandement de la flotte à des hommes que leurs débauches et leurs plaisanteries grossières mettaient dans le plus grand crédit auprès de lui, il allait, sans aucun danger, s’enrichir dans les pays voisins, et s’abandonner aux excès les plus honteux au milieu des courtisanes d’Abyde et de l’Ionie, pendant que l’armée ennemie était si près de celle des Athéniens. On lui reprochait aussi les forts qu’il avait bâtis en Thrace, près de la ville de Byzanthe, afin de s’y ménager une retraite, ne pouvant ou ne voulant pas vivre dans sa patrie. Les Athéniens ajoutèrent foi à ces accusations ; et, n’écoutant que leur colère et leur animosité contre lui, ils nommèrent d’autres généraux. Alcibiade, informé de ce qui se passait, et craignant qu’on allât plus loin encore, quitta tout à fait le camp ; et, rassemblant des troupes étrangères, il alla faire la guerre à des peuples de Thrace qui vivaient dans l’indépendance. Il tira de grandes sommes d’argent du