Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/388

Cette page n’a pas encore été corrigée

départ, en lui accordant tout ce qu’il voulut, et lui donnant les collègues qu’il demanda.

XLIII. Il mit à la voile avec cent vaisseaux ; et, ayant débarqué à l’île d’Andros, il battit les troupes du pays et celles des Lacédémoniens ; mais il ne prit pas la ville, et ce fut la première des accusations que ses ennemis intentèrent dans la suite contre lui. S’il y eut jamais un homme victime de sa gloire, ce fut Alcibiade. La grande opinion que ses exploits précédents donnaient de sa hardiesse et de sa prudence le fit soupçonner d’avoir manqué par négligence ce qu’il n’avait pas exécuté, parce qu’on était persuadé que rien de ce qu’il voulait faire ne lui était impossible. Ils espéraient aussi, de jour en jour, apprendre la réduction de Chio et du reste de l’Ionie ; et, indignés que ces nouvelles n’arrivassent pas aussitôt qu’ils l’avaient espéré, ils ne voulaient pas réfléchir qu’il faisait la guerre contre des peuples à qui le grand roi fournissait tout l’argent dont ils avaient besoin, tandis qu’il était lui-même souvent obligé de quitter son camp pour aller chercher de quoi payer et faire subsister ses troupes. Ce fut là le prétexte de la dernière inculpation qu’on lui fit. Lysandre, que les Lacédémoniens avaient envoyé prendre le commandement de la flotte, donnait à ses matelots,