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de Sicile n’aurait pas été manquée, qu’on n’aurait pas vu s’évanouir de si belles espérances, si on avait laissé à Alcibiade la conduite des affaires et le commandement de l’armée ; lui qui, ayant trouvé Athènes privée de l’empire de la mer, à peine pouvant sur terre conserver ses faubourgs, déchirée au-dedans par des séditions, l’avait, relevée de ses ruines, et, non content de lui rendre sa prépondérance maritime, l’avait fait triompher par terre de tous ses ennemis. Le décret de son rappel avait été porté par le peuple, sur la proposition de Critias, fils de Calleschrus, comme il le dit lui-même dans ses Élégies, en rappelant à Alcibiade le service qu’il lui avait rendu :

Je fis lever l’arrêt de ton bannissement ;

C’est à moi que tu dois ce service important :

En scellant ton retour au sein de ta patrie,

Ma main a relevé ta dignité flétrie.

Le peuple s’étant assemblé, Alcibiade comparut devant lui ; et, après avoir déploré ses malheurs, après s’être plaint légèrement et avec modestie des Athéniens, il rejeta tout sur sa mauvaise fortune, sur un démon jaloux de sa gloire. Il parla ensuite avec assez d’étendue des espérances des ennemis, et exhorta le peuple à reprendre courage. Les Athéniens lui décernèrent des couronnes d’or, le déclarèrent généralissime sur terre et sur mer, le rétablirent