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d’un coup de poignard qu’il lui donna sur la place publique, les Athéniens, après les informations faites sur la conduite du mort, le condamnèrent comme coupable de trahison, et décernèrent des couronnes à Hermon et à ses gardes.

XXXIII. Les amis qu’Alcibiade avait à Samos, étant devenus les plus forts, envoient Pisandre à Athènes pour y changer la forme du gouvernement, pour encourager les nobles à se saisir des affaires et à détruire l’autorité du peuple : ils leur faisaient promettre qu’Alcibiade leur procurerait pour cela l’amitié et le secours de Tisapherne. Tel fut le prétexte et le motif du parti qui établit l’oligarchie. Mais, lorsque ceux qu’on appelait les cinq mille, quoiqu’ils ne fussent que quatre cents, se furent rendus les maîtres et eurent envahi toute l’autorité, ils négligèrent Alcibiade, et ne montrèrent plus la même ardeur pour la guerre, soit qu’ils se défiassent du peuple, qui ne se prêtait que malgré lui à ce changement, soit qu’ils crussent que les Lacédémoniens, toujours portés pour l’oligarchie, en seraient plus disposés à traiter avec eux. Le peuple d’Athènes, effrayé du massacre de ceux qui s’étaient ouvertement opposés à la tyrannie des quatre cents, se tint tranquille malgré lui.