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réfugié dans le Péloponnèse. Comme il craignait ses ennemis, et qu’il avait perdu tout espoir de rentrer dans sa patrie, il envoya demander un asile aux Spartiates, en leur donnant sa parole qu’il leur rendrait à l’avenir plus de services qu’il ne leur avait fait de mal lorsqu’il était leur ennemi. Les Spartiates le lui ayant accordé avec plaisir, il se rendit promptement à Lacédémone. La première chose qu’il y fit, ce fut de mettre fin aux délais que les Spartiates apportaient de jour en jour à secourir les Syracusains. Il les pressa de leur envoyer Gylippe pour les commander, et pour détruire en Sicile les forces des Athéniens. En second lieu, il leur conseilla de déclarer eux-mêmes la guerre aux Athéniens. Enfin (et c’était la chose la plus importante ), il les engagea à fortifier Décélie ; ce qui contribua, plus que tout le reste, à affaiblir et presque à ruiner la ville d’Athènes. Là, estimé du public, admiré des particuliers, il gagna l’amitié de tous les citoyens, et les charma par sa facilité à adopter leur manière de vivre. Ceux qui le voyaient se raser jusqu’à la peau, se baigner dans l’eau froide, manger du pain bis et du brouet noir, ne pouvaient se persuader qu’il eût eu chez lui un cuisinier, qu’il eût connu des parfumeurs, ou qu’il eût porté des étoffes de Milet.