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contre les ennemis sans avoir rien à craindre de ses calomniateurs.

XXIV. Le peuple n’eut aucun égard à sa demande, et l’obligea de partir. Il mit donc à la voile avec les autres généraux, et sur une flotte d’environ cent quarante galères à trois rangs de rame, montées de cinq mille cent hommes de troupes réglées, de près de treize cents tant archers que frondeurs ou soldats légèrement armés, et pourvues de toutes les provisions nécessaires : Lorsqu’il eut abordé en Italie, et qu’il eut pris terre à Rhégium, il assembla le conseil, et proposa son plan de campagne. Nicias fut d’un autre avis, mais Lamachus s’étant déclaré pour celui d’Alcibiade, il alla droit en Sicile, et se rendit maître de Catane. Ce fut le seul exploit qu’il fit à cette expédition ; il fut aussitôt rappelé par les Athéniens pour subir son jugement. On n’avait d’abord contre lui que de légers soupçons, que des dépositions vagues d’esclaves et d’étrangers : mais, en son absence, ses ennemis suivirent l’affaire avec plus de chaleur ; et, joignant à la mutilation des statues de Mercure la profanation des mystères, ils insinuèrent que ces deux crimes étaient l’effet d’une même conspiration, qui avait pour but de changer le gouvernement. Tous ceux qu’on dénonça furent indistinctement jetés dans les fers,