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voyaient pas sans indignation ce mépris formel des lois, qui les menaçait de la tyrannie. Aussi Archestrate disait-il avec raison que la Grèce n’eût pu supporter deux Alcilbiades. On dit aussi qu’un jour qu’il avait eu le plus grand succès dans l’assemblée, et qu’il retournait chez lui, reconduit avec honneur par tout le peuple, Timon le misanthrope, qui le rencontra, au lieu de se détourner et de chercher à l’éviter comme il faisait pour tout le monde, alla au contraire au-devant de lui, et, le prenant par la main : « Courage, mon fils, lui dit-il ; continue de t’agrandir ainsi ; car ta grandeur sera la perte de tout ce peuple. » Les uns ne firent que rire de ce propos ; d’autres chargèrent Timon d’injures ; quelques uns en furent vivement affectés : tant l’inégalité de ses mœurs rendait les opinions différentes sur son compte !

XX. Périclès vivait encore lorsque les Athéniens conçurent le désir de conquérir la Sicile : peu de temps après sa mort, ils commencèrent à s’en occuper ; et, sous prétexte de faire alliance avec les peuples maltraités par les Syracusains, et de leur envoyer des secours, ils s’ouvraient le chemin à une expédition plus considérable. Mais personne plus qu’Alcibiade n’enflamma ce désir dans le cœur des Athéniens,