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foi, travailla à les aigrir davantage. En même temps il attaqua Nicias, et anima le peuple contre lui par des accusations qui n’étaient pas sans vraisemblance : il lui imputait de n’avoir pas voulu, pendant qu’il commandait l’armée, faire prisonniers de guerre les Spartiates qu’on avait laissés dans l’île de Sphactérie, et, après que d’autres les eurent pris, de les avoir relâchés et rendus, pour faire plaisir aux Lacédémoniens. Il ajoutait que Nicias, quoiqu’il fût leur ami, n’avait pas empêché leur ligue avec les Béotiens et les Corinthiens ; tandis qu’il ne laissait aucun peuple de la Grèce suivre son inclination pour s’allier avec les Athéniens, à moins que les Spartiates n’y consentissent.

XVI. Nicias était fort troublé de ces accusations, lorsque par hasard, il arriva des ambassadeurs de Lacédémone, qui parlèrent avec beaucoup de modération, et déclarèrent qu’ils avaient plein pouvoir de pacifier tous les différends, à des conditions justes et raisonnables. Le sénat agréa leurs propositions, et l’assemblée du peuple fut indiquée au lendemain pour en délibérer. Alcibiade, qui craignait l’issue de cette assemblée, vint à bout de déterminer les ambassadeurs à s’aboucher avec lui. Quand ils furent venus : « Que faites-vous, leur dit-il, seigneurs Spartiates ? Ignorez-vous que le