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allait prononcer le ban de l’ostracisme, peine qu’il emploie ordinairement contre le citoyen qui a le plus de réputation et d’autorité, et qu’il bannit de la ville, moins pour calmer ses craintes que pour soulager son envie. Comme il paraissait certain que le bannissement frapperait un des trois rivaux, Alcibiade réunit les divers partis ; et, ayant pris ses mesures avec Nicias, il fit tomber l’ostracisme sur Hyperbolus. D’autres disent que ce ne fut pas avec Nicias, mais avec Phéax qu’il se concerta, et que, s’étant réuni à sa faction, il fit chasser Hyperbolus, qui était bien éloigné de s’y attendre ; car jamais aucun homme de basse extraction ou sans crédit n’avait été condamné à cette sorte de bannissement, comme le témoigne Platon le poète comique, lorsqu’il dit de cet Hyperbolus :

Ses mœurs lui méritaient d’être banni d’Athène ;
Mais il était trop vil pour cette noble peine :
Pour de tels scélérats nos illustres aïeux
N’inventèrent jamais cet exil glorieux.

Nous en avons parlé ailleurs plus au long.

XV. Alcibiade n’était pas moins jaloux de l’admiration que les ennemis avaient pour Nicias, que des honneurs qu’il recevait de ses concitoyens. Quoiqu’il y eût entre Alcibiade et les