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avec indignation sur l’insolence et l’audace d’Alcibiade : « Au contraire, leur dit Anytus, il me traite avec ménagement et avec bonté, puisque, maître de tout prendre, il m’en laisse la moitié. »

VI. C’est ainsi qu’il agissait avec tous ses adorateurs. Il ne se montra plus doux qu’envers un étranger qui s’était établi à Athènes ; cet homme, ayant vendu le peu de bien qu’il avait, en forma la somme de cent statères, qu’il offrit à Alcibiade, en le pressant de les accepter. Alcibiade sourit ; et charmé de la simplicité de cet homme, il l’invite à souper. Après l’avoir bien traité, il lui rend son argent, et lui ordonne de se trouver le lendemain sur la place, où l’on devait donner à bail les fermes publiques, et d’y mettre l’enchère. Cet homme s’en étant défendu, parce que ce bail était de plusieurs talents, Alcibiade le menaça, s’il ne s’y rendait, de lui faire donner les étrivières. Il avait à se plaindre des fermiers, et voulait s’en venger. L’étranger se rendit donc le lendemain matin sur la place, et mit l’enchère d’un talent. Les fermiers indignés se liguent tous contre lui, et exigent qu’il nomme quelqu’un pour être sa caution, persuadés qu’il n’en trouverait pas.