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Il reconnut alors sa vaine et fausse gloire,
Comme un coq baisse l’aile en cédant la victoire.

V. Il regarda le soin que Socrate prenait des jeunes gens comme un ministère dont les dieux avaient chargé ce philosophe pour l’instruction et le salut de ceux qui s’attachaient à lui. Commençant donc à se mépriser lui-même autant qu’il admirait Socrate, qu’il estimait son amitié et respectait sa vertu, il se forma insensiblement une image de l’amour, ou plutôt un contre amour, suivant l’expression de Platon. On était étonné de le voir souper et lutter tous les jours avec Socrate, loger à l’armée sous la même tente que lui ; au contraire, traiter avec dureté tous ceux qui le recherchaient, les insulter publiquement, comme il fit à Anytus, fils d’Anthémion. Cet Anytus aimait Alcibiade ; et, l’ayant invité un jour qu’il avait à souper quelques étrangers, il éprouva de sa part un refus. Le soir, après avoir fait la débauche dans sa maison avec ses amis, il va tout en désordre chez Anytus, s’arrête à la porte de la salle ; et voyant les tables couvertes de vaisselle d’or et d’argent, il ordonne à ses esclaves d’en prendre la moitié et de l’emporter chez lui ; et, sans daigner entrer dans la salle, il se retire. Les convives d’Anytus se récrièrent