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même tous ses camarades, qui furent bientôt informés qu’on louait Alcibiade de mépriser la flûte et de railler ceux qui en jouaient. Depuis, l’usage de cet instrument fut exclu du nombre des occupations honnêtes, et généralement regardé comme avilissant.

IV. Dans le libelle qu’Antiphon publia contre Alcibiade, il rapporte que, dans son enfance il s’enfuit de la maison de ses tuteurs dans celle d’un nommé Démocratès, dont il était aimé. Ariphron voulait le faire crier à son de trompe, mais Périclès s’y opposa. « S’il est mort, disait-il, cette proclamation ne nous en apprendra la nouvelle qu’un jour plus tôt ; s’il est vivant, elle le déshonorera pour le reste de sa vie. » Antiphon lui reproche encore d’avoir, dans le gymnase de Sibyrtius, tué d’un coup de bâton un de ses esclaves. Mais doit-on ajouter foi à des imputations que cet auteur avoue lui-même n’avoir publiées que par la haine qu’il lui portait ? Déjà une foule de citoyens distingués s’empressaient autour d’Alcibiade et recherchaient son amitié ; mais on s’apercevait facilement que leur admiration pour les grâces de sa personne était le motif unique de leurs assiduités. Au contraire, l’amour que Socrate lui portait est un grand témoignage de la vertu et de l’heureux