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toujours, les autres enfants se retirèrent ; mais Alcibiade se jetant par terre en face des chevaux : « Passe maintenant si tu veux, » dit-il au charretier. Cet homme épouvanté fit reculer sa voiture, et les spectateurs effrayés coururent à Alcibiade en jetant de grands cris.

III. Quand il commença à fréquenter les écoles, il prit volontiers les leçons de divers maîtres ; mais il ne voulut jamais apprendre à jouer de la flûte, parce que ce talent lui paraissait méprisable et indigne d’un homme libre. Il disait que l’usage de l’archet et de la lyre n’altère point les traits du visage, et ne lui fait rien perdre de sa noblesse ; mais que la flûte déforme tellement la bouche et même la figure entière, qu’on est à peine reconnu de ses meilleurs amis. D’ailleurs, ajoutait-il, celui qui joue de la lyre peut s’accompagner de la voix et du chant ; mais la flûte ferme tellement la bouche du musicien, qu’elle lui interdit l’usage de la parole. Laissons donc, disait-il encore, laissons la flûte aux enfants des Thébains, qui ne savent pas parler ; mais nous, Athéniens, nous avons, comme disent nos pères, pour protecteurs et pour chefs Minerve et Apollon, dont l’une jeta loin d’elle la flûte, et l’autre écorcha celui qui en jouait. Par ces propos moitié sérieux, moitié plaisants, Alcibiade se délivra de cet exercice, et en détourna