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ils abandonnèrent leurs propres armes, et se jetèrent sur les piques des ennemis pour les leur arracher. Comme ils s’offraient ainsi à découvert aux coups des Romains, ceux-ci, qui se servaient avec avantage de leurs épées, firent un grand carnage des premiers rangs. Les autres prirent la fuite, et se répandirent dans la plaine, n’ayant pu ni gagner les collines et les hauteurs dont Camille s’était saisi d’avance, ni se réfugier dans leur camp, dont ils savaient que l’ennemi se rendrait aisément le maître. Cette bataille se donna, dit-on, la vingt-troisième année après la prise de Rome. Un pareil succès rendit les Gaulois bien moins redoutables aux yeux des Romains, et guérit ceux-ci de la terreur que leur inspirait un ennemi dont ils attribuaient la première défaite moins à leur propre valeur qu’aux maladies et aux accidents imprévus qui l’avaient affaibli ; terreur qui était telle, que, dans la loi qui exemptait les prêtres du service militaire, ils avaient excepté les guerres contre les Gaulois.

[42] LVI. Cette victoire fut le dernier exploit de Camille ; car la prise de Velitres, qui se rendit sans coup férir, en fut la suite nécessaire. Mais les dissensions politiques lui laissaient encore une lutte violente et dangereuse à soutenir.