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lois, quand la vue du Capitole leur remettait sans cesse devant les yeux la grandeur de ses exploits. Camille, s’étant aperçu de cette impression, fit transporter le tribunal hors de la ville, dans le bois Pétilien, d’où l’on ne voyait pas le Capitole. Alors les accusateurs ayant repris tous les chefs qu’ils avaient déjà produits, les juges, qui n’avaient plus sous les yeux le théâtre des exploits de Manlius, laissèrent agir l’indignation que leur causait le souvenir de ses crimes. Il fut condamné à mort, conduit au Capitole, et précipité du haut de ce rocher, qui fut le monument de sa déplorable destinée, comme il l’avait été de ses plus glorieux exploits. Les Romains, ayant démoli sa maison, y bâtirent un temple à la déesse Moneta, et défendirent, par un décret, qu’aucun patricien n’habitât à l’avenir sur le Capitole.

[37] XLIX. Camille, appelé pour la sixième fois au tribunat militaire, refusait cette charge à cause de son âge avancé : peut-être aussi parce qu’après tant de succès et de gloire, il craignait l’envie ou un revers de fortune. La cause la plus apparente de son refus était sa mauvaise santé, car il venait de tomber malade : mais le peuple ne reçut pas son excuse ; il se mit à crier qu’on ne lui demandait pas de combattre à pied ou à cheval ; qu’on voulait seulement ses conseils pour la conduite de la guerre.