Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/123

Cette page n’a pas encore été corrigée

les Gaulois trompèrent d’abord secrètement en se servant de faux poids ; et ensuite ouvertement, en faisant pencher un des bassins de la balance. Les Romains ayant voulu s’en plaindre, Brennus, pour ajouter à cette infidélité l’insulte et la raillerie, détache son épée, et la met par-dessus les poids avec le baudrier. Sulpicius lui ayant demandé ce que cela voulait dire : « Eh ! quelle autre chose, lui répondit Brennus, sinon malheur aux vaincus » ? Ce mot a passé depuis en proverbe. Parmi les Romains, les uns, indignés de cette perfidie, voulaient reprendre l’or, et s’en retourner au Capitole pour y soutenir encore le siége ; les autres conseillaient de dissimuler cette injure, et de ne pas mettre la honte à donner plus qu’on n’avait promis, mais à être forcés de donner ; nécessité humiliante dont les circonstances leur faisaient une loi.

[29] XXXVII. Pendant qu’ils disputaient entre eux et avec les Barbares, Camille, à la tête de son armée, était aux portes de Rome, où il apprit ce qui venait de se passer. Aussitôt il ordonne au gros de ses troupes de suivre au petit pas et en bon ordre ; et lui-même, avec l’élite de ses soldats, ayant hâté sa marche, arrive auprès des Romains, qui, à son aspect, se séparent et le reçoivent comme leur dictateur, avec les marques d’un grand respect et dans un profond