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une ville grecque nommée Rome, située dans les contrées occidentales, près de la grande mer. Mais je ne m’étonne pas qu’Héraclite, auteur fabuleux et menteur, ait embelli le récit de cet événement, en mêlant à ce qu’il y a de vrai ces mots imposants d’hyperboréens et de grande mer. Aristote le philosophe dit formellement avoir su la prise de Rome par les Gaulois ; mais il ajoute que celui qui la sauva s’appelait Lucius ; or, Camille avait le prénom de Marcus, et non celui de Lucius : c’est que les Grecs n’en ont parlé que par conjectures. XXVIII. Brennus, étant maître de Rome, fit environner le Capitole par un corps de troupes, et conduisit le reste à la grande place. Là, à l’aspect de tous ces vieillards qui, assis avec leurs ornements, et dans un profond silence, restèrent immobiles à l’approche des ennemis, et qui, sans changer de visage ni de couleur, sans donner le moindre signe de crainte, se regardaient les uns les autres tranquillement appuyés sur leurs bâtons, il fut saisi d’admiration. Un spectacle si extraordinaire frappa tellement les Gaulois, que, les regardant comme des êtres divins, ils n’osèrent pendant longtemps ni les approcher ni les toucher. Enfin l’un d’entre eux s’étant hasardé d’approcher de Manius Papirius, lui passa doucement la main sur la barbe, qui était fort longue. Papirius le